Pierres et bombes
J'ai suivi le tragique événement récent des attentats à la bombe à Londres. Désolée de voir combien la vie humaine est bon marché et que le compte des morts est devenu une chose quotidienne maintenant. Je me demande si chaque citoyen ou fonctionnaire a pensé à ce qui arriverait si des terroristes accédaient à des installations nucléaires. Regardez mon site de Tchernobyl et vous verrez ce que devient une région alors que seulement 10% des radiations ont été lâchées dans l'atmosphère, le reste étant toujours sous le sarcophage. Avec le coût élevé du pétrole, les usines nucléaires vont pousser comme des champignons après la pluie. Toutes nos fragiles maisons sont faites de verre aujourd'hui, et nos responsables mondiaux ne se débarrasseront pas des bombes... Août 2005
Compte-rendu de l'ONU
2006 est le vingtième anniversaire du désastre nucléaire de Tchernobyl. Les
puissantes forces pro-nucléaires se consacrent à faire durer les "publications
d'informations" et les "comptes-rendus" positifs pour atténuer l'impact négatif.
Ci-dessous, une citation tirée d'un rapport officiel du Forum de Tchernobyl qui s'est tenu à Vienne en septembre 2005 :
Il n'y a pas si longtemps, les officiels parlaient de 4.000 morts à Tchernobyl, mais avec les taux records des prix du pétrole, les demandes pour davantage "d'énergie atomique bon marché" sont tellement
énormes qu'ils ont présenté un nombre beaucoup moins élevé de victimes.
Maintenant, nous voyons le désespoir et la ruse des fonctionnaires pro-nucléaires. Ils ont élevé le nombre des victimes de 31 à 56. Ils peuvent maintenant se vanter auprès des critiques que le nouveau rapport double presque le nombre officiel des victimes, mais une telle supercherie nous insulte.
Chacune des tentatives faites pour établir le nombre des victimes de l'accident de Tchernobyl n'est que pure spéculation, personne ne sait ce qu'il est, ou ce qu'il sera à la fin – même approximativement.
Mon voisin qui travaillait à Tchernobyl mourut d'un cancer à l'âge de 56 ans, comment diable saurions-nous s'il doit son cancer à Chernie et si nous devons l'ajouter à la liste des victimes ? Cependant, il y a des gens qui devraient en faire partie, comme les ouvriers du nettoyage, les pompiers, les pilotes d'hélicoptère, les soldats… qu'en est-il d'eux ? Pourquoi ne sont-ils pas comptés dans le nombre officiel des victimes du désastre de Tchernobyl ?
Voici deux commentaires officiels qui sont aussi loin de la vérité que le nombre officiel de victimes :
Il nous est impossible de dénombrer les victimes, mais nous pouvons voyager et compter les centaines de miles de terres nucléaires en friche qui s'étendent au-delà. Ils ne parlent que des 30
km (19 miles) autour du réacteur, mais ce n'est que le huitième de la zone totale qui a été empoisonnée par la radiation. J'ai une
carte sur mon site, elle montre toute la région,
qui est de la taille d'un état européen. Il n'y a pas d'information sur la Biélorussie, rien de connu
concernant la partie russe de Tchernobyl. Ces régions sont fermées aux visiteurs.
Pour ce qui est des taux de radiation revenus dans des standards acceptables,
ils ont baissé parce qu'en 1986 les radiations étaient à la surface, à l'été
1989, trois ans après l'accident, 90% des radiations s'étaient enfoncées de 2 cm
dans les sols, maintenant elles sont arrivées à 20 cm de profondeur, ce qui rend
impossible toute décontamination. Aujourd'hui les sols rayonnent leurs
radiations depuis les profondeurs et parfois l'élément suivant, dans le cycle de
désintégration, apporte davantage de risque que le précédent, comme c'est le cas
avec l'Américium.
Le rapport de l'ONU donne l'impression que les gens peuvent commencer à repeupler ces zones où, selon l'ONU, les taux de radiations sont, pour la plupart, redevenus acceptables. J'affirme que rien de tout cela ne peut se faire. Chaque année quand je voyage, je vois de plus en plus de villages et de villes dévastées. Toute la région est mourante. Une des raisons pour laquelle les gens ne veulent pas s'installer dans ces zones près de Tchernobyl est que le sarcophage construit à la hâte risque de s'effondrer.
Presque 20 années se sont écoulées depuis l'accident et ils n'ont même pas commencé à nous construire un sarcophage correct. Comment se fait-il que la plus riche industrie ne puisse pas trouver d'argent pour construire un nouveau sarcophage ? Ils ont assez de moyens pour construire de nouveaux réacteurs, pour soudoyer les médias et les politiques dans le monde entier, ils sont assez riches pour maintenir aussi bas le nombre des victimes pendant tant d'années, mais ils n'ont pas les moyens, ni la volonté politique de protéger les peuples d'Europe de la fusion nucléaire.
Plus loin, le rapport de l'ONU dit :
Les pensions ne méritent même pas qu'on en parle, nous savons tous combien l'administration soviétique est "généreuse" avec les pensions, les avantages spéciaux et les soins de santé… ces avantages valent à peine le ticket de trolley pour aller les chercher.
Les victimes de Tchernobyl seraient bien mieux si elles avaient reçu l'argent que les gouvernements dépensent à organiser toutes ces fausses conférences et faux forums.
De toute façon, j'ai juste voulu que chacun sache où nous en sommes de la vérité sur Chernie à la veille de son vingtième anniversaire.
Tchernobyl n'est pas seulement un morceau de notre passé que les autorités gouvernementales ont caché, c'est l'avenir de notre planète, parce qu'un jour, nous auront à payer pour le mensonge, l'hypocrisie et l'avidité de notre système.
Septembre 2005
Le silence assourdissant
J'ai grandi en Union Soviétique, et même quand j'étais très jeune, je me souviens clairement de l'indéniable oppression d'une société totalitaire. C'est comme avoir un piano bien accordé et essayer de jouer avec un orchestre qui est délibérément désaccordé parce que l'Etat aurait décidé qu'il y a trop de notes dans la gamme musicale, et en aurait déclaré certaines illégales.
Cinq ans après l'accident, l'économie de l'Union Soviétique s'est effondrée. C'était une bonne chose, il a semblé pendant un moment que l'harmonie mondiale était à l'horizon, mais cet espoir a glissé maintenant hors de vue et tout, autour de nous, a de nouveau dérapé,
alors que les guerres et la folie atomique résonnent avec des connotations de discorde et
que le tic-tac du métronome de notre inévitable perte est plus fort chaque jour.
Il est plus important que jamais que nous nous immergions dans la tâche solennelle d'accorder calmement nos âmes pour perfectionner notre oreille et notre effort à entendre les murmures de l'harmonie des autres comme nous – cambrés au-dessus du mur de bruit, avant que nous ne soyons tous cernés par le silence assourdissant d'une dernière chance
enfuie. Décembre 2005
Les suicides de Tchernobyl
Dans les années qui suivirent le désastre de Tchernobyl, un taux très élevé de suicides à été enregistré. L'idée du suicide vient insidieusement quand les terreurs de la vie surpassent celles de la mort. Qui pourrait mettre en doute que Tchernobyl a fourni à toute l'humanité une méga-terreur persistante
qui ne mène nulle part ?
Maintenant, la responsabilité officielle a été déposée sur ces fonctionnaires qui prirent leur propre vie, comme Valery Legasov ou le premier secrétaire du Parti Communiste en Ukraine, Sherbitsky. Je crois réellement que ces pauvres âmes qui se suicidèrent à la suite de Tchernobyl n'étaient pas vraiment des salauds. Pourquoi ? Parce que les vrais salauds ont des tendances homicides et non pas des tendances suicidaires. Décembre 2005
A propos de la politique de l'ONU (Extrait d'une interview du magazine Online Bikernet)
Question: Pensent-ils réellement que la population du monde entier croit en leurs rapports ? Assument-ils que la moyenne des gens est simplement muette ? Que peuvent faire les gens pour être sûrs que le désastre de Tchernobyl n'est pas glissé sous le tapis et oublié ?
Réponse : Oui, tous ceux que je connais sont choqués par le rapport de l'ONU de septembre 2005. Même, bien que nous sachions qu'il nous traite d'idiots, nul ne s'attendait à ce que leurs mensonges soient aussi évidents et
répugnants, mais ensuite, en regardant ce qui se passe en Iraq, cette guerre est un résultat représentatif de la politique de l'ONU et sa manière de voir
le monde arabe comme une grosse et stupide station d'essence, avec leurs spéculations sur les comptes-rendus du pétrole et un faux rapport sur la possession d'armes chimiques par l'Iraq. Maintenant, les iraquiens, qui n'avaient aucune arme de destruction massive,
essaieront d'obtenir au plus vite que les troupes internationales quittent l'Iraq. Ils n'avaient rien à voir avec Al Qaeda, maintenant Al Qaeda est en Iraq. En Iran, ils veulent désespérément obtenir du plutonium pour des armes nucléaires. Quoi de pire qu'Oussama
soit devenu un héros pour des millions de gens ? Ben Laden n'est pas le chef d'un gang de voyous et de tueurs comme il l'était il y a quelques années, il est maintenant le leader d'une large faction politique du monde arabe. Mondialement, 60% des arabes ont moins de 20 ans. Cela fait 840.000.000 de jeunes. Beaucoup d'eux ne veulent que ressembler à Oussama. Il est leur "Elvis", qui porte une AK-47 à la place d'une guitare. Mais ils ne veulent pas apprendre à jouer de la guitare ou faire la course à toute vitesse au volant lors d'une soirée d'étudiants, dans un film. Ils veulent remplir de dynamite une voiture et tuer tous ceux qui ne récitent pas textuellement les termes du Coran. Maintenant, ils nous haïssent farouchement, des gens meurent chaque jour sans raison et c'est le résultat d'un rapport de l'ONU. Le meilleur moyen pour chacun de garder vivante l'histoire de Tchernobyl est de transmettre à ses amis le lien de mon histoire.
Janvier 2006
Les nouveaux réacteurs
L'Ukraine va construire de nouveaux réacteurs. Ça a été une des premières décisions du nouveau parlement. Ils appellent cela la souveraineté du combustible et de l'énergie. Nous produisons déjà plus d'électricité que nous n'en avons besoin et nous fournissons les pays voisins avec l'électricité de nos centrales nucléaires, ils veulent seulement vendre davantage. Ils font de l'argent aux dépens de la santé de leurs concitoyens et leurs concitoyens ne peuvent rien faire pour empêcher cela. C'est parce que, dans ma région du monde, l'énergie nucléaire doit avoir l'appui du parlement, sans se préoccuper du parti qui remporte les élections. Il y a quelque chose que je dois expliquer pour être claire.
Si vous regardez le parlement en Ukraine, votre première impression sera que la vie politique est bouillonnante. Plus de cinquante partis se délabrent et créent de nouvelles coalitions. Beaucoup de remue-ménages alentour, se pressant et grouillant dans toutes les directions. En regardant mieux, vous remarquerez que, année après année, cette foule de députés ne crée aucun changement. C'est parce que nous avons les mêmes hommes politiques que durant les années soviétiques, mais maintenant unis avec leur famille et leurs protégés. Qu'importe ce que fait chaque nouveau parlement, les mêmes personnes en font partie, comme les combinaisons d'un kaléidoscope ; à chaque fois une nouvelle image frappe l'œil, on peut penser que quelque chose a changé et de nouveau, dans la réalité, vous voyez seulement une nouvelle combinaison des bouts de verre que vous avez vus précédemment. Ainsi, notre parlement est toujours le même et ces députés qui, plusieurs années auparavant, étaient prêts à renoncer à leurs ambitions nucléaires promeuvent de nouveau le nucléaire.
Nous avons échoué parce que nous devrions élire de nouveaux députés et non pas écouter les promesses des mêmes vieux ploucs ; quand ils promettent d'abandonner volontairement le pouvoir et leurs situations pour le bien de la paix et de l'harmonie sociale, leur raison est toujours une nécessité et dès qu'il leur est offert une chance de revenir vers leurs anciennes situations, ils laissent derrière eux leur paix et leur harmonie tant vantées et
reprennent leurs anciennes idées avec la même furie que le feu s'empare d'un bois huileux.
Avril 2006
Cap Vert
Aujourd'hui, je suis allée au marché aux livres, parce que je voulais voir ce que je trouvais sur Tchernobyl. J'ai trouvé des étagères remplies de toutes sortes de magazines colorés sur le crime, le sexe, le rock'n'roll et la mode, mais pas un seul livre sur les terres perdues qui s'étendent à cent kilomètres au nord de Kiev.
A l'automne 2005, je suis retournée dans la ville de "Cap Vert", où des années plus tôt j'avais l'habitude d'aller en moto. Mais il me fut impossible de trouver cette ville, et j'ai appris qu'elle avait été démolie. Après l'explosion de Tchernobyl, étant située à 50 kilomètres au sud du réacteur, la pauvre ville de "Cap Vert" est devenue une autre statistique nucléaire. Plus un seul immeuble n'est resté aujourd'hui, aucun monument, rien qui indique que la ville était là. Elle a été effacée de la surface de la Terre – exactement de la même manière que les livres sur Tchernobyl ont disparu des bibliothèques.
Au printemps 2006, j'ai encore vu que des villes et des villages avaient été effacés – tous victimes de Tchernobyl. Je pense que dans le futur, les autorités démoliront toutes les villes et tous les villages restants, et traîneront tous les décombres radioactifs vers leurs dernières demeures, près du réacteur.
Le tourisme à Tchernobyl n'a pas d'avenir, parce que tout est envahi par la végétation et que les immeubles commencent à s'effondrer. L'idée de tourisme ne trouvera aucun support officiel, parce que les profits des compagnies de tourisme offrant la visite de Tchernobyl ne peuvent compenser les pertes de l'industrie nucléaire. Aussi, tous les témoignages des nombreuses Villes Fantômes de Tchernobyl disparaîtront pendant cette génération. Finalement, ils devront même ensevelir Pripyat, la plus importante des Villes Fantômes.
Qui sera là pour dire les derniers mots sur elle, et que seront ces mots ? "Des cendres aux cendres, de la poussière à la poussière, d'un isotope à un isotope…?"
Mars 2006
Deuil des officiels
Le deuil est sponsorisé par l'Etat et la plupart des cérémonies officielles sont de magnifiques productions dramatiques, et elles devraient être récompensées pour la plus convaincante interprétation. Peut-être pourrait-on l'appeler l'Oscar ukrainien ou russe.
Comme dans un film hollywoodien, les illusions sont méticuleusement organisées - le requiem de Tchernobyl, chaque 26 avril, semble faire ressortir le meilleur de leur talent d'acteur.
Après minuit, une grande foule de politiciens se rassemble devant le mémorial des victimes de Tchernobyl à Kiev. Debout en longues lignes, chacun tenant son cierge, et tous essayant de se dépasser l'un l'autre dans leurs tristes étalages de feinte compassion pour les morts de Tchernobyl et ceux de Tchernobyl qui ne naîtront pas.
La tête baissée, ils avancent doucement et défilent au travers de leurs déclarations répétées de fervent chagrin. Cette scène pitoyable d'hypocrisie honteusement creuse a pour vedette les mêmes personnes qui furent directement responsables de la tragédie de Tchernobyl, toujours cachant leur vérité, et les poches à disposition comme la puissance et l'argent négocient de nouvelles usines nucléaires.
Pour l'apogée finale, cette foule bien rangée d'oligarches et de ministres se précipite vers une église, remplie de caméras soigneusement placées – mais pas pour expier leur exploit impie, mais plutôt pour donner à leur allure méprisable un air de dignité solennelle. Quelques années auparavant, ils envoyaient les chrétiens dans des asiles psychiatriques et des camps de travail, mais les nouveaux standards de l'état demandent maintenant de feindre la croyance religieuse.
Aussi ils sont debout, les cierges à la main, paraissant humbles dans leur sanctuaire temporairement adopté. Communistes, marxistes et tous athées, ils
vont et viennent de gauche à droite, et de droite à gauche, puis le patriarche de l'église, un ancien espion du KGB, apparaît pour leur donner une bénédiction finale.
Des "chrétiens" comme eux nous font tous le vœu que Jésus revienne.
Avril 2006
Extrait de l'interview de Dagens Nyheter, la veille de la publication de mon livre
Un jour ces villes et villages seront démolis et je ne veux pas que leurs mémoires disparaissent. Je veux raconter en images, vidéos et courtes histoires la façon dont j'ai vu Tchernobyl. Je suis certaine que, dans le futur, les gens apprécieront mes efforts.
J'ai toujours vécu à Kiev, à 130 km au sud de Tchernobyl. Je n'étais pas présente dans la région de Tchernobyl avant la catastrophe. Ma première visite fut pour la partie biélorusse de Tchernobyl en 1992. Plus tard, j'ai voyagé dans la partie russe et j'ai été impressionnée par l'immensité de ce territoire empoisonné par les radiations.
Malheureusement, le coût humain de la catastrophe de Tchernobyl n'est pas souvent mentionné. Le retirer de nos mémoires a été une politique gouvernementale pendant toutes ces années. Il est impossible d'acheter un livre sur l'histoire de Tchernobyl. Maintenant, nous ne pouvons voir que des films et des documentaires sur Tchernobyl le 26 avril. Pourtant, même ceux-ci montrent seulement la science froide des réactions nucléaires et la technologie défectueuse.
La Révolution Orange de 2004 en Ukraine ne nous apporta rien. Les autorités réévaluèrent seulement le nombre des pertes humaines de 31 à 56. L'Ukraine ne veut pas être dépendante du pétrole et du gaz russe, et elle construira donc
davantage de réacteurs. Notre président est fier quand il dit que l'Ukraine exporte déjà de l'électricité en Moldavie et en Biélorussie.
Au printemps j'ai visité différentes parties de la région de Tchernobyl. J'ai vu de nouveaux villages morts entre 60 et 90 km à l'ouest du réacteur. On peut voir des endroits désertés aussi loin qu'à 250 km au nord du réacteur. Les gens sont partis. Il est visible que ces endroits touchés par les radiations n'ont aucune chance de survivre. Tôt ou tard, les habitants s'en iront tous. C'est là le plus triste, des villes avec une centaine d'années d'histoire riche tombent maintenant en ruines. Ce n'est que ce que nous pouvons voir, nous ne pouvons pas voir comment Tchernobyl affecte la santé humaine. De telles statistiques sont très controversées. Je suis certaine que Tchernobyl affecte aussi bien physiquement que mentalement ceux qui vivent encore dans les zones contaminées. Il n'affecte pas ceux qui vivent dans d'autres endroits d'Ukraine. La décision de construire de nouveaux réacteur a été prise sans débats publics ni protestation. Les habitants des villes où seront construits les nouveaux réacteurs étaient davantage concernés par le choix de la sonnerie de leur téléphone portable – désireux apparemment d'échanger leur futur génétique et collectif au profit de quelques emplois et de l'argent rapide. Des idiots en or, je crois. Je ne suis pas une activiste anti-nucléaire, Je ne suis que quelqu'un qui pense que nous devrions apprendre de nos erreurs du passé et donc, ne pas construire des réacteurs près des centres urbains.
Le 26 avril 1986 nous ne savions rien de l'accident de l'usine nucléaire de Tchernobyl. J'étais très jeune et je jouais dans les rues avec d'autres enfants. Le lendemain, un dimanche, mes parents voulaient aller à notre maison de campagne, mais il n'y avait pas de bus. 1.200 autobus avaient été envoyés pour évacuer la population de Pripyat et plusieurs centaines d'autres pour évacuer d'autres villages proches du réacteur. Ce soir-là, la première annonce officielle fut faite à la télévision et dura 14 secondes. Papa est physicien nucléaire, et le lendemain il apporta de son travail un instrument de détection de radiations. Il était gros comme une valise. Les deux jours suivants, les lectures des radiations restèrent normales. A ce moment, la Suède était déjà touchée, mais à Kiev tout était encore normal. Le vent du sud nous sauva. Puis le 1er mai, le vent tourna, et ce matin-là, on enregistra 1 milliroentgen par heure à la maison, ce qui est 100 fois plus que la normale. Je n'oublierai jamais le visage de mon père – il nous empoigna, ma sœur et moi, et nous mit dans le train pour nous envoyer chez mes grands-parents, en sécurité loin des radiations.
Avril 2006
L'usure du temps
Pour qu'une région ou une civilisation, dans son ensemble survive, elle doit vivre sur l'intérêt, non du capital, mais sur celui de la nature. Les écologistes indiquent que depuis la création du monde jusque dans les années 80, les humains ont seulement utilisés des ressources renouvelables ; au début des années 80, nous avons dépassé le point où nous
commencions à dilapider le capital, nous utilisions le rendement annuel à 100%, et la terre a besoin de 15 mois pour régénérer ce que nous avions consommé durant ces 12 mois. De tels chiffres peuvent être imprécis, mais ils indiquent clairement que nous sommes sur le chemin de la faillite.
Conformément au nouveau programme de développement industriel, dans les 15 prochaines années l'Ukraine construira 15 nouveaux réacteurs, cet appétit grandissant indique que nous entrons dans l'époque de la Renaissance Nucléaire et pas seulement ici, mais dans le Monde entier. L'énergie atomique est présentée comme la panacée à tous les problèmes économiques, comme la source d'énergie évidente dans l'environnement et qui nous sauvera de la faillite.
Malheureusement, ils ne comprennent pas que nous contractons un nouvel emprunt et que maintenant nous devenons les victimes d'une usure encore pire, l'usure du Temps. Ce n'est qu'une question de temps pour que nous ayons à payer des intérêts encore plus exorbitants
que ceux qu'exigerait n'importe quel créancier.
Davantage sur l'Usure du Temps
Laissez-moi donner quelques exemples de l'Usure du Temps. Ce n'est vraiment pas compliqué à comprendre. Comme les athlètes qui prennent des anabolisants. Ainsi on contraint le Temps à leur accorder un prêt sur leurs richesses physiques du présent. Pourtant l'intérêt sera composé, et se traduira plus tard par une certaine faiblesse tragique ou des maladies chroniques.
Certains, avec un turbocompresseur sur leur moto iront plus vite, mais pas pour très longtemps. Les moteurs turbocompressés ne durent pas. On peut aussi, en quelques jours, faire qu'un arbre donne ses fruits, mais ce sera la seule bonne récolte sur cet arbre. Plus tard, il s'atrophiera.
Il a même été possible de penser à repousser la crise alimentaire sur la planète par l'usage des graines hybrides et de l'affermage chimique. Un demi-siècle d'intervention gouvernementale et collective sur les approvisionnements alimentaires n'a produit qu'un succès limité pour un coût élevé des sols et une perte de diversité génétique. L'impact à long terme sur la santé est encore mal connu, mais l'obésité est déjà devenue un fléau mondial – l'humanité ballonnée est en train de payer pour la modification des plantes dans des modèles de croissance artificielle.
Quelqu'un qui va acheter de la nourriture ou des médicaments ou qui est sur le point de voter pour de nouvelles sources d'énergie devrait s'assurer de leur absence de risque. Chacun devrait tenir compte de cette maxime d'application universelle de l'Empereur Napoléon : tout ce qui est artificiel est imparfait. Ne négligez pas cette règle napoléonienne, parce que tout ce qui est artificiel est non seulement imparfait et nocif à consommer, mais est aussi très profitable à produire. De nos jours, la croyance aveugle en marche, avec tous ses semblants de miracle, multiplie les formes d'arrogance. Avec la plupart de ces miracles, la violation des principes naturels pour réaliser un gain à court terme aggravera notre dette à payer dans le futur.
Mai 2006
A propos des dettes de la Nature et de la nature des dettes
Charles Dickens a donné une remarque très simple et vraie à propos de l'endettement – "Si un homme gagne vingt livres par an et dépense dix-neuf livres, dix-neuf shillings et six centimes, il sera heureux, mais s'il dépense vingt livres il sera misérable"
Il n'y a pas d'échelle qui nous permette de mesurer simplement où nous en sommes avec notre dette, envers la nature ou pas, c'est pourquoi l'humanité vit au-delà de sa "carte de crédit écologique" et la nature est constamment abusée. Il y a pourtant des symptômes, tels
que les guerres du pétrole, la course à la construction de nouvelles centrales atomiques – qui indiquent que nous sommes déjà au point où nos ressources énergétiques sont à sec. Ces symptômes, pas encore catastrophiques mais leur tendance est nette, caractérisent la route de la misère.
Tout au long des années 90, les experts ont commencé à voir cette fenêtre se fermer sur la possibilité de rendre auto-entretenu notre système énergétique, sans obliger les générations futures à l'Usure du Temps.
La moitié des prix Nobel ont averti que nous sommes dans les dernières années où la civilisation a encore l'argent et le temps pour faire des changements positifs, pour aligner nos limites économiques sur celle de la nature.
Les gens avisés
sont unanimes à dire qu'il vaut mieux avoir un niveau de vie et une consommation
d'énergie réduits que pas de vie du tout. Ils avertissent qu'à défaut de prendre
maintenant les mesures appropriées nous risquerons la désagrégation de notre
civilisation, parce que si nous ne faisons pas ce qu'il faut maintenant, alors
que nous vivons encore sur une terre prospère, nous ne serions jamais capables
de le faire quand les choses seront hors contrôle. Alors que nous prospérons, on
ne peut que ralentir notre prospérité, réduire nos choix – faute
de grives on mange des merles. Maintenant, les sages préviennent du désastre à venir. L'ONU est constituée de gens sans doute avisés, et devrait être l'instrument pour faire face cette situation de détérioration mondiale. Au lieu de cela, l'ONU sert égoïstement les intérêts du monstre nucléaire et de ses patrons.
Mai 2006
Note à la suite du vingtième anniversaire
Le vingtième anniversaire du désastre de Tchernobyl n'apporta aucune solution sérieuse au monstre nucléaire. Il y eut beaucoup de bruit à la télévision et autre médias radiophoniques, et beaucoup de remue-ménage dans la presse… Beaucoup d'insolence sponsorisée par de nombreuses organisations et par les barons de l'énergie nucléaire locale sans autre but que de leurrer le public.
Les seules journées où il est fait de la publicité sur ce sujet et quand les gens entendent parler de Tchernobyl sont les journées de l'anniversaire et c'est exactement le moment où les fontaines sont particulièrement boueuses de toute cette agitation, ainsi il n'y a aucun moyen pour le public d'aller au fond des choses et de tirer des conclusions.
Nous voici à la mi-juillet, seulement deux ou trois mois après, et tout ce qui est resté pour nous rappeler la tragédie est quelques livres de photos et deux ou trois films.
Mille fois plus d'attention est donné au Mondial de foot qu'au vingtième anniversaire de Tchernobyl.
Il est impossible pour le gouvernement d'un Etat de cacher la vérité sur les accidents nucléaires au reste du monde. Néanmoins, le rapport de l'ONU de septembre 2005 est la preuve que les gouvernements membres supportent, et plus encore, le mensonge sur la sûreté de l'énergie nucléaire. Le vrai problème de Tchernobyl est que les gens, pour vivre, ont besoin de cette illusion et que personne ne veut regarder la réalité en face. Ni ici en Ukraine, ni en Russie, ni en Amérique ou nulle part en Europe. Nous avons des systèmes économiques et politiques différents, mais l'avidité à haut niveau est la même partout et ses séquelles nous contrôlent tous.
Nous ne pouvons espérer aucune percée vers la vérité dans le futur. Le temps n'est pas notre allié ici parce qu'il vide nos mémoires. Année après année, la mémoire de Tchernobyl s'évanouit. Le seul moyen de la garder vivante dans le futur serait d'insuffler sa thématique dans la musique, l'art et la littérature ; pour la mêler à la créativité artistique qui peut survivre même aux éléments nucléaires malveillants de Tchernobyl. Malheureusement, le but de la musique est de plaire au goût ennuyeux des fans du pop, alors que la totalité des arts et de la littérature ne semble pas avoir d'autre but que de prendre l'argent dans les poches publiques. La plupart des auteurs préfèrent éviter Tchernobyl et ses tragiques conséquences et ils comprennent que l'appréciation sera dispersée en passant par de longs chemins. La récompense viendra probablement dans la vie suivante.
Ceux qui écrivent pour de l'argent doivent prévenir dans les journaux qu'ils sont politiquement corrects et d'une gourmandise sous contrôle. Les grandes agences de presse et les journaux ne présenteront pas les écrits sur Tchernobyl, sauf ceux qui serviront leurs intérêts égoïstes. Un tel prix est rarement objectif.
La prochaine chance de rappeler Tchernobyl au monde sera dans 5 ans, pour le 25ème anniversaire, mais il y aura alors moins de mémoires lui survivant. Moins encore pouvant se lever pour ne jamais plus demander de nucléaire bon marché, et il y aura aussi une autre Coupe du Monde…
Juin 2006
La chanson "Terre Noire"
La seule fois où notre télévision a montré des programmes intéressants et précis sur Tchernobyl, cela a été durant les jours proches de son anniversaire, mais toujours à des heures étranges. Par exemple, comme durant ces dixième et vingtième anniversaires, quand ils ont montré ces programmes entre 2 et 5 heures du matin, exactement aux heures où l'a majorité des gens dorment.
A cause de cela je suis restée éveillée pendant ces premières heures du matin à chaque anniversaire, surveillant ces programmes qui pourraient être nouveaux et honnêtement présentés.
A ce vingtième anniversaire, j'ai regardé un bon programme d'art créatif de gens qui vivent dans les régions contaminées. Histoires, poèmes, peintures et chansons de ceux qui vivent près des villages de Tchernobyl.
Ce programme m'a laissée avec un fort arrière-goût métallique de radioactivité et d'amertume – ce n'est pas
par hasard qu'il a été programmé au milieu de la nuit. Le plus remarquable a été le chant lancinant d'une fillette autiste, de onze ou douze ans, chant qui s'appelait "Terre Noire".
Elle le chantait en biélorusse, un dialecte que je trouve difficile à comprendre, mais le sentiment qu'il me laissa ne venait pas que de ses mots ou de sa mélodie. Je dirais qu'il avait l'aura d'une liturgie païenne, pleine du mystique tellurien, où on peut entendre l'écho des régions désolées, ces tonalités chuchotées et le regard furtif de la solitude. C'était un hymne à l'abandon ; un chant pour dissiper la malédiction de l'aube dans les villages d'absinthe. Dans ses notes vibraient un nouveau et dangereux genre de silence – comme d'enterrer quelque chose en silence. Cette chanson était absolument inhumaine et ne pouvait qu'être le fruit d'un esprit qui est né et a grandi parmi les ruines de Tchernobyl.
Les enfants sont comme le vin, ils absorbent la saveur de leur environnement. Quand un garçon ou une fille est assis, seul, avec son âme en complète discordance, année après année, jour après nuit sans aucun espoir de jamais voir la lumière, son esprit commence à chercher une nouvelle harmonie qui est complètement différente du bruit de premier-plan de la vie. Il
commence à creuser des passages et des labyrinthes sous terre, profondément dans
son moi, et par la suite son concept acquière la couleur crépusculaire des catacombes.
Il dégage cette odeur particulière du plongeur qui remonte du fond. Il est honnête,
ses opinions ne sont pas des échappatoires, ses mots ne sont pas un masque et
son art créateur n'est pas censé tromper.
Notre société devrait lui donner la chance de s'exprimer ouvertement, alors que la plus grande partie de la société est endormie quand
son travail est montré. Ainsi, pendant la journée et en bonne conscience, chacun peut regarder les programmes parrainés par le gouvernement et les films qui sont réalisés et payés par l'industrie nucléaire.
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Tchernobyl est facilement oublié parce qu'il n'est connu que de nous. Les premières années après l'accident, nous ne voulions pas partager notre histoire avec le reste du monde, et maintenant, nous ne pouvons plus la partager, nous nous la rappelons à peine
nous-mêmes. Tout ce qui nous reste de cette tragédie est la mémoire, faible et défigurée par le temps. Dans le futur, l'indifférence des gens étouffera les quelques braises restantes, jusqu'à ce qu'elles s'éteignent. Après cela, Tchernobyl ne restera que dans la connaissance de quelques éminents personnages et l'unique propriété de la nature.
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Tchernobyl est un sujet unique pour mener différents types de projets. Par exemple, les villes et villages désertés sont parfaits pour tourner l'horreur d'un film de Science Fiction.
Il ya quelques années, quelqu'un à Hollywood voulait faire un tournage à Tchernobyl. C'était "Le retour des morts vivants" ou quelque chose comme ça, mais le film n'a jamais été fait. D'autres voulaient produire des jeux informatiques avec Tchernobyl comme thème ou en toile de fond, mais cela n'a pas démarré, pas plus que d'autres projets.
Celui qui pense avoir des idées ou des projets à propos de Tchernobyl devra songer que cette grosse industrie travaille avec notre gouvernement, main dans la main, comme une seule grosse machine, et qu'à présent, cette machine ne souhaite pas attirer l'attention sur elle-même. Tchernobyl n'est pas seulement un endroit inhabituel
unique ; c'est aussi une large plaie nucléaire non-traitée. Et, bien que la nature s'astreigne à la guérir aussi vite que possible, la région de Tchernobyl restera abîmée pour un temps très long.
Mes publications du printemps
En avril 2006, j'ai décidé de présenter mes documents sur Tchernobyl au plus grand nombre possible de lecteurs en dehors d'Internet. Mes publications étaient présentées dans plus de vingt pays au moyen des journaux, magazines, livres et documentaires télévisés. Finalement, je ne suis pas satisfaite de cela parce que, dans la plupart des cas, mes documents n'étaient que partiellement édités. Mon ressenti a été exclu de la plupart des publications. L'émotion est le centre de gravité de tout travail, livre, film ou site Internet, mais il semble que la plupart des gens ne veulent que des photos, des vidéos, quelques renseignements, mais pas d'émotion. C'est simplement parce que l'information n'est qu'un vecteur vers l'émotion et peut facilement être déformée et altérée pour servir les intérêts des groupes de médias politiques et financiers. L'émotion est un produit intellectuel, elle ne peut être altérée ou pervertie, elle ne sert que la vérité et n'est pas une demande.
Juin 2006
Les excès de la société de consommation post-totalitaire
Dans ma partie du Monde, le Programme des Energies Nouvelles est devenu possible grâce aux changements survenus dans notre société durant les deux décades passées.
Quand l'URSS s'effondra en 1991, la foule envahit les rues, avec des manifestations à la fois religieuses et écologiques. Les gens cherchaient impatiemment la vérité. L'intérêt public pour la philosophie et l'histoire se réveilla, la liberté était dans l'air… Le Peuple était encore pauvre, la blessure de Tchernobyl était encore proche, et les ressources énergétiques non-atomiques étaient bon marché. Cette ère est maintenant terminée.
Cette poussée de liberté et de démocratie réelles ne dura pas. Les choses ont changé énormément. Dans un état totalitaire, le gouvernement retient ses informations, maintenant, dans un "état libre", les gens gardent leurs informations pour eux. Chacun semble plus heureux en apparence, bien nourri, mieux habillé et protégé… Les manifestations sont seulement politiques. En fin de compte, chacun est dupé par un parti ou un autre.
Les vrais gouverneurs du pays sont des groupes financiers qui vendent en masse leurs problèmes avec les mêmes techniques psychologiques que l'industrie a développées pour vendre ses produits. Leurs candidats politiques choisis, tels des bossus, nous montrent leur meilleur côté et poussent les boutons qui font seulement appel aux faiblesses des masses. Il semble donc, la plupart du temps, qu'ils désirent que le peuple reste dirigé de manière précaire, et font tout leur possible pour y arriver, en poussant en permanence ces boutons et en dissipant le bon sens chaque fois qu'il apparait.
La plupart des journaux, informations, stations de radio et de télévision appartient à une institution retranchée qui se réfugie derrière un symbole se proclamant elle-même une
représentante de la libre parole. Mais pour être vraiment libre, la parole doit être indépendante du contrôle gouvernemental, et de nos jours, cela ne peut plus être correctement trouvé que sur les ressources sans entrave d'Internet. Je dirais que c'est principalement par l'intermédiaire d'Internet que la pensée publique, libre et instruite, existe. Les anciens médias seraient heureux de cacher les épais fils de marionnettes qui les lient à l'établissement officiel, et d'écarter complètement les sources d'Internet comme non pertinentes. Heureusement, ils ne savent pas comment faire.
Le résultat de cette politique se voit déjà bien : l'étude de l'histoire décline rapidement, et la philosophie la plus populaire est celle qui nous aide à obtenir la seule richesse matérielle. Orwell l'avait pressenti, cela a été fait au moyen de la télévision. La plupart des gens acceptent maintenant de vivre de pain et de ce que leur montre seulement la télévision… Ce qui convient à nos "leaders" est une société où la décision de construire de nouvelles usines atomiques peut être prise sans aucune discussion… Par le passé, Adolf Hitler a crié, "Quelle chance pour les dirigeants que le peuple ne pense pas !" La folie post-Tchernobyl illustre très bien cela, parce des gens qui ne penseraient pas seraient très bien accueillis des dirigeants dont la puissance repose sur la perpétuation de l'ignorance publique.
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Finalement, tous les régimes totalitaires s'effondreront, parce que leurs idéologies sont enracinées dans la haine et la jalousie – qui sont des faiblesses humaines qui peuvent être vaincues, alors que l'excès de consommation fait partie de la nature humaine, il est enraciné dans l'avarice, la fierté et la convoitise, qui sont des faiblesses capitales (primaires), dont on ne s'échappe pas.
Il est surprenant de voir que cet extraordinaire degré de vie est le même partout : l'incapacité de résister aux profits des sociétés, aussi bien en Asie, en Europe ou en Amérique. C'est comme si nous étions tous dans une même pièce, la seule différence entre nous est que nous serions entrés à des moments différents, par différentes portes.
Juin 2006
Deux sortes d'auteurs
Fondamentalement, il y a deux sortes d'auteurs qui écrivent sur Tchernobyl ; et ils sont séparés par leurs motivations. Certains écrivent pour maintenir la mémoire de Tchernobyl, mais beaucoup d'autres écrivent avec l'idée de faire une vie loin de Tchernobyl.
L'un est bercé par le pas régulier, nonchalant et tranquille d'un compte-rendu permanent. Et l'autre agit au grand galop du sensationnel, comme si chaque auteur voulait crier plus fort que l'autre, parce que le niveau de bruit qu'ils font correspond directement au volume d'argent qu'ils accumulent sur le dos d'une tragédie nationale. Mais dans ce remue-ménage, ils créent des échos qui s'estompent, ils
ne sont nulle part, parce qu'ils sont déjà emportés par une autre nouvelle sensationnelle qu'ils peuvent transformer en un gros chèque agréable.
Et parce que leurs écrits sont soigneusement exprimés pour éviter de menacer le système et de marcher sur les pieds du monstre nucléaire, les médias claironnent leurs travaux, qu'ils soient pro ou anti-nucléaires, ils ne sont pas dangereux, leur action est toujours fondée sur le mobile et par conséquent fragmentaire et fugace.
Les noms des auteurs impliqués dans la lente et méthodique recherche sur Tchernobyl – et pour des raisons autres que financières – restent méconnus. Une des raisons est que leurs détails et leur stabilité gênent les puissants qui ont causé le désastre. Un exemple remarquable de cela est le documentaire "Mission suicide à Tchernobyl" – un film que beaucoup de gens ont repoussé en 1991. Où disparut-il et pourquoi ? Je tiens aussi beaucoup aux travaux sur Tchernobyl de l'écrivain Irene Zabytko, et aux photographies d'Igor Kostin.
Il y en a probablement d'autres, mais il n'y a pas moyen de les connaître avec certitude, parce que leurs travaux réellement importants ont été dissimulés au public. A leur place on trouve seulement des distractions populaires du genre de "Da Vinci Code"
Juin 2006
Post Scriptum
Je développerai probablement ma pensée sur les "Deux sortes d'auteurs" pour expliquer pourquoi Tchernobyl fait peur à la plupart de ces gens créatifs.
Chaque travail sur le thème de Tchernobyl ne peut qu'être qu'un travail humanitaire, où l'auteur ne peut attendre que peu, voire à aucune récompense. Sur ce sujet, aucune réussite ne peut être attendue jusqu'au moment où le reste du monde deviendra absinthe (armoise).
La plupart des auteurs travaillent pour une ou deux raisons : soit pour être payés ou pour avoir la reconnaissance (renommée). Il y a un incomparable dicton de Sénèque qui dit : la renommée (reconnaissance) suit le mérite aussi sûrement que le corps projette une ombre ; parfois devant nous, et parfois derrière.
Beaucoup d'auteurs ne travaillent que s'ils y voient de bonnes choses. Mais Tchernobyl est un cas où, aussi grand soit leur accomplissement investigateur ou littéraire, les ennuis surgiront toujours en face d'eux pendant que l'ombre de leur renommée restera derrière eux, très loin derrière.
La charité d'aujourd'hui
En avril 2006, mon livre "Tchernobyl" a été publié en Suède, et j'ai décidé d'en mettre en vente 50 ou 60 sur eBay dans l'intention d'en envoyer les profits à l'orphelinat N1, à Kharkov (Ukraine). Mon action charitable a été interdite sur eBay dès le second jour. La raison en est purement politique. Et en bannissant mon livre, eBay a privé ces orphelins des oranges, des ballons de foot et des vélos que cet argent aurait permis d'acheter.
Il n'est pas exceptionnel que beaucoup d'enfants meurent de faim, ou que des enfants mangent dans les poubelles, quand l'honnête tentative de les aider est sabotée au nom de crasseuses raisons politiques.
Juin 2006
L'exportation du nucléaire
Nous vivons un "boom" dans les exportations des technologies nucléaires de nos pays vers le Tiers-Monde, spécialement vers le Moyen-Orient. Il y a une concurrence féroce pour la construction d'usines nucléaires en Iran, au Pakistan, en Inde, en Turquie et en Egypte.
Cependant, les pays exportateurs travaillent sur ces technologies depuis de longues années, ont évolué vers le développement de différents types de réacteurs, et ont formé une école de scientifiques et de professionnels à même de maintenir ces réacteurs relativement fiables. De plus, ces pays exportateurs ont une structure sociale démocratique qui permet de traiter de ces choses au grand jour, mais les pays importateurs vivent souvent, eux, au bord de la guerre.
Beaucoup de pays peuvent exporter ces technologies, mais aucun d'eux ne peut exporter l'expérience. Quand la technologie est devant l'expérience, on court à l'accident. C'est la même chose avec les accidents de la route, les statistiques disent que la majorité des tués sont inexpérimentés et conduisent des voitures et des motos rapides. Je dis toujours – " Si vous voulez tuer quelqu'un, offrez-lui une moto rapide, mais si vous voulez les tuer tous, construisez-leur un réacteur atomique." Juin 2006
Retour sur le rapport de l'ONU…
La conférence elle-même n'est pas nouvelle, elle fut organisée par les gouvernements de l'Ukraine, de la Russie et de la Biélorussie, soutenus par l'AIEA et a été conduite dans les meilleures traditions de tous les rapports officiels soviétiques. Ce qui est nouveau est le régime post-totalitaire actuel et les gouvernements de l'ouest parlent d'une même voix pour cacher la vérité sur le désastre de Tchernobyl. Maintenant, les représentants des démocraties de l'ouest font exactement comme leurs collègues d'Europe de l'est leur ont appris. Ils répètent comme des perroquets les mêmes mensonges et ne veulent pas de confrontation ouverte avec les pays donateurs de l'ex-Union Soviétique. En ce moment, l'Ouest n'a pas besoin de davantage d'ennemis, ils en ont déjà beaucoup et chacun comprend que si les nouveaux dictateurs étaient hostiles à leurs collègues occidentaux et que l'approvisionnement des matières premières était délibérément interrompu, les pays de l'ouest se retrouveraient dans une mauvaise situation. Leur système industriel s'effondrerait. Evidemment, dans de telles conditions, cette "Puissance" peut facilement trouver l'aval des politiciens et à présent ils construisent aussi de nouveaux réacteurs à l'ouest. Leur principal argument est que l'atome tranquille les aidera à s'évader de la nouvelle dictature économique; et les immunisera contre la conspiration de l'OPEP, etc. Cependant, la vérité est qu'ils sont déjà manipulés et qu'ils chantent en chœur avec Lukashenko et Poutine, le même chœur de menteurs qui a déjà chantonné avec les mêmes Staline et
Khrouchtchev. Celui qui dit que les démocraties de l'ouest sont plus responsables que leurs homologues post-soviétiques devrait seulement regarder les signatures au bas du rapport de l'ONU. Nous sommes tous réduits "au commun dénominateur" quand on en arrive aux opportunités nucléaires. Si nous laissons inchangée la marche de l'ONU, incontestable, avec ce mensonge et d'autres, la globalisation sera un processus de nivelage par le bas, un rabaissement universel de la pensée des pays du Tiers-Monde.
Juillet 2006
Les journalistes
Depuis le début jusqu'à aujourd'hui, le sujet du désastre de Tchernobyl est interdit aux scientifiques et chercheurs sérieux. L'accès de la région de Tchernobyl n'a jamais été refusé aux journalistes, et cet accès facile leur a fait écrire à tort que la région est aussi ouverte aux chercheurs.
Le problème avec la plupart des journalistes est qu'ils ne voient pas
plus loin que le bout de leur nez. Ils croient habituellement en ce qu'ils
écrivent, même si c'est nourri à la cuillère par les autorités. Du fait de leur mauvaise vue, les journalistes sont tout à fait incapables d'écrire quelque chose de substantiel. Leurs articles, comme les moustiques, ne vivent qu'un jour et chacun peut comprendre que ces informations et les gros titres sont le chœur strident du drame des événements actuels. Chaque reporter recherche, pour les besoins de son commerce, à être alarmiste et à faire du bruit. L'exagération est à tout point de vue aussi essentielle qu'elle l'est pour l'écriture d'un opéra de boulevard. Ils soufflent et bombent le torse autant que possible à chaque occasion et aucun ne prête vraiment attention à leurs beuglements. Le but est de crier plus fort que leur voisin, et les lecteurs deviennent rapidement sourds aux vraies alarmes qu'ils pourraient révéler. La raison pour laquelle la bataille pour Tchernobyl est perdue est que les journalistes et les reporters de la TV sont les seuls à avoir l'opportunité de parler de la vérité à ce sujet, bien que les journaux et magazines n'ont pas d'impact à long terme, cela revient à écrire dans le sable, et chaque nouvelle vague des publications efface la précédente. Il y a encore moins de chances de trouver un bon compte-rendu sur Tchernobyl dans les journaux locaux et les programmes de la télévision des petites agences récentes. La compétition est dure. Ils tournent tout pour tirer le meilleur de chaque occasion, sans les limites habituelles qui contraignent les médias traditionnels. Les plus grandes agences mondiales sont plus sobres et revendiquent leur professionnalisme, mais la vraie raison qui semble les retenir et qu'elles ne doivent pas se concurrencer. Elles sont financées par l'Etat et leur objectif n'est pas l'argent. Ces agences mondiales n'ont besoin que d'un peu de publicité sur les principales chaînes de télévision et peuvent garder presque libres leurs journaux. Ce qu'elles produisent n'a pas besoin d'être profitable, c'est juste un moyen de nourrir les programmes de l'Etat pour son public captif. On dit que vous êtes comme vous mangez, et donc nous, le peuple, sommes à la fois la cible et le produit final de leur buffet avarié. Des millions, peut-être des milliards, de gens dupés croient maintenant qu'ils sont hors de danger alors qu'à tout moment ils peuvent devenir de la chair à canon pour leurs proches installations nucléaires.
Août 2006
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Dans la région de Tchernobyl, les gens qui vivent et travaillent d’un côté n’ont aucune idée de ce qui se passe de l’autre côté. Les fonctionnaires de Pripyat ne savent pas ce qui se passe en Biélorussie, les fonctionnaires Biélorusses n’ont pas idée de la façon dont les choses se passent en Russie et ainsi de suite. Ainsi, Tchernobyl se présente comme une grotte sombre et inexplorée, que seuls les journalistes peuvent visiter. Dans les écrits des journalistes, nous n’y trouvons le plus souvent que ce qu’ils veulent bien nous montrer. En revanche, le travail du libre penseur qui regarde de tous côtés, nous montre un large paysage. Nous voyons alors l’ensemble et comment les choses s’articulent. Le journaliste cherche et trouve son sujet dans le faisceau étroit d’une lampe torche qui n’éclaire que le seul endroit qui l’intéresse. Alors que l'esprit d'un libre penseur éclaire de mille lampes qui inondent de lumière l'ensemble de la grotte. Tchernobyl est fermé pour les chercheurs sérieux parce que personne ne veut vraiment voir de la lumière dans cette caverne.
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"Il y a des esprits qui brillent dans l'obscurité, comme les yeux du lynx et qui sont plus clairs quand les ténèbres sont plus profonds." (Balthasar Gracian)
Commandants, rats et passagers de première classe
Le réacteur nucléaire explosa à 1h23 du matin à Tchernobyl. Les premiers départs furent ceux des chefs du parti et des ministres. Leurs avions avaient déjà décollé à 6 heures du matin, seulement quelques heures après l'explosion. Nous autres n'avons appris l'accident que plusieurs jours plus tard.
On dit que les rats sont les premiers à quitter un bateau qui coule. Tchernobyl illustre cela mais pas tout à fait, parce que durant Tchernobyl comme pendant le désastre du Titanic, les passagers de première classe s'enfuirent les premiers.
Août 2006
Dernières remarques
La politique de Tchernobyl est le parfait outil pour radiographier notre vie : elle révèle toute l'hypocrisie du monde,
ses mensonges, son avidité et la superficialité générale des affaires humaines.
Regardez une conférence de l'ONU, où les membres semblent si brillants et distingués. Regardez tous ces docteurs es sciences et es médecine. Voyez comment ces fonctionnaires gouvernementaux accueillent de leurs applaudissements chaque nouveau rapport. Mais en réalité, chacun d'eux dort et ne commence à applaudir qu'en voyant les une ou deux personnes qui suivent la conférence applaudir – une réaction en chaîne d'esprits inconsistants. Ce ne sont que ces une ou deux personnes qui suivent la conférence qui, comme un réveil, sont toujours là pour réveiller les autres et garantir les meilleurs applaudissements pour le plus pauvre des reporters.
Regardez, durant le requiem de Tchernobyl, combien était mélancolique cette foule de fonctionnaires se déplaçant lentement, cierges en mains ! Quelle file sans fin de voitures de luxe ! Mais regardez dans leurs yeux – ils sont tous vides, ce ne sont que des costumes qui défilent pour commémorer leurs propres victimes.
Quelle image éloquente d'hypocrisie et de vide de notre vie ! La désolation dans l'âme des gens, la dévastation absolue de la société
est un parfait exemple de l'héritage de Tchernobyl. Le triomphe de la bêtise.
Août 2006
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