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Au matin du 18 février, le Parlement se remit au travail et une immense foule de manifestants commença à se déplacer vers le Parlement. Les gens venaient soutenir l'opposition dans sa tentative de de revenir à l'ancienne constitution qui devait retirer le pouvoir au président et le rendre au Parlement. Bien sûr, les cinq rues qui mènent au Parlement étaient bloquées par la police et la foule qui continuait d'arriver fit pression sur la police jusqu'à ce que la police commence à faire usage des grenades et des balles de caoutchouc pour repousser les gens. Dans l'épicentre des combats se trouvait le bureau central du parti au pouvoir, sans surveillance. Les manifestants y ont fait irruption, l'ont détruit avant de l'incendier. Une unité spéciale arrivé, armée de mitraillettes et repris le contrôle de l'édifice. Ils dirent avoir trouvé deux cadavres dans les bureaux de l'immeuble, qu'il s'agissait de personnes travaillant tués par des manifestants et ensuite la police a commencé une puissante et violente attaque contre la foule. Je doute vraiment qu'il y ait eu des morts dans les bureaux, à moins que la police ait tué ces gens elle-même. J'étais la depuis le début et je n'ai pas entendu de coups de feu quand les manifestants ont détruit les bureaux mais tout le monde sait que ça tirait quand la police est intervenue.
Environ 30 personnes (20 manifestants et 10 policiers) ont trouvé la mort à Kiev ce jour-là, des dizaines sont portés disparus et 500 ont été blessés. Si vous me demandez la cause de cette guerre, la réponse la plus courte, c'est la guerre de l'argent contre le peuple. D'une part, nous n'avons pas le soutien de l'Ouest parce que notre gouvernement est constitué de super-riches qui sont reliés à l'élite riche de l'Ouest D'autre part, notre président a le soutien du dictateur sanguinaire Poutine. La combinaison de ces deux facteurs travaille pour le président et contre le peuple d'Ukraine. C'est ce que Spengler voulait dire quand il parlait de la lutte finale de l'argent contre le sang. (Oswald Spengler "Déclin de l'Occident")
Le père et le fils barbouillés de leur sang.
Brochette de policiers capturés et battus par des manifestants. Ces policiers ont été battus pour avoir jeté des grenades dur la foule, depuis le toit d'un magasin de cinq étages. Chaque fois que des manifestants capturaient des policiers, ils devaient les relâcher, mais quand la police attrapait des manifestants, ils les jetaient en prison.
On dit qu'un Molotov est un cocktail qui est toujours servi chaud.
Au début, nous protestions contre la dérobade du président au sujet de l'intégration européenne. Maintenant, après trois mois de lutte, notre objectif est allé plus loin que l'intégration. A présent, c'est une lutte pour la liberté et l'intégration européenne n'est pas souvent mentionnée. Le prix que nous payons serait trop élevé pour cet objectif bon marché.
Le soutien le plus important nous vient de la Pologne et des pays baltes. Les gens de ces pays ont eu leur propre expérience en sortant du bloc soviétique. Il y avait cet ancien proverbe — personne ne peut mieux vous comprendre que celui qui a été battu par le même bâton.
L'Amérique et l'Europe occidentale, sponsorisées par l'argent du pétrole russe, nous traitent souvent d'extrémistes… Je pense que cela amoindrit la responsabilité de leurs gouvernements de ne rien faire dans la solution de la crise ukrainienne.
Parmi les manifestants j'ai rencontré beaucoup de gens de toute l'Europe de l'Est. Beaucoup de Russie, de Biélorussie, des pays slaves où les gens sont privés du droit de manifester.
Je suis persuadée qu'ici c'est une école d'apprentissage pour de futurs 'maydans' en Russie et en Biélorussie.
Si vous regardez les statistiques, le nombre de policiers pour 100.000 habitants est plusieurs fois plus élevé en Ukraine que dans n'importe quel pays d'Europe. Seules la Russie et la Biélorussie ont un nombre de policiers plus élevé que l'Ukraine. En s'équipant d'une telle armée de policiers, les dictateurs se protègent de la population pauvre.
La plupart des policiers dans la vraie vie ne font rien de bien, un groupe de tête de bois. Dans ma partie du monde, la police n'a aucun respect de la société. Il n'est pas rare que la police soit traitée d'ordure, "musor" en russe, et même à la télévision et dans les journaux. L'objectif de la police est de faire de l'argent et non pas de protéger la loi et l'ordre. Au cours des dernières années, donner de l'argent à un policier est devenu aussi courant que donner une poignée de main.
Il est difficile de dire combien de gens sont engagés dans le combat aujourd'hui. La lutte s'étend sur une grande surface. Ils étaient des dizaines de milliers, une foule vraiment énorme.
Dans ma vie, j'ai quelquefois eu de la chance et ce 18 février était mon jour de chance. J'étais dans la rue, près du Parlement, où des combats ont eu lieu toute la matinée, j'ai été appelée au téléphone et j'ai dû m'éloigner pour une heure. A peine étais-je partie que les forces spéciale de la police chargèrent les manifestants et ont littéralement balayé l'endroit où je me trouvais. Plus tard, nous avons appris qu'il y a eu des cas de personnes décapitées et scalpées alors qu'elles étaient encore vivantes. Quelqu'un a réussi à faire une vidéo, nous y voyons la police évacuer un corps décapité. De toute évidence, la prochaine destination est le crématorium où les corps disparaîtront.
Le centre de Kiev est aussi le centre d'affaires. Il y a eu tant de coûteuses voitures brûlées... Les patrons d'entreprise semblent ne pas se rendre compte que c'est une zone de guerre et chaque nouvelle voiture qui y entre devient un élément de fortification.
Sur cette photo, un gamin passe près des corps de gens tués par balles par la police le 18 février dans le centre-ville de Kiev. Je pense que cette image le hantera pour le reste de ses jours. |
